EDITORIAL DU PERE XAVIER MANZANO

Quel cœur serait sec au point de n’éprouver aucune émotion devant la Passion du Christ ? Nous allons suivre pas à pas le Seigneur dans ces derniers jours de sa vie terrestre qui sont aussi le sommet de sa mission parmi nous. En Jésus, le Fils va offrir sa vie, son sang, sa chair pour tous les êtres humains, à commencer par ceux qui l’ont condamné à mort. Face à un tel mystère d’amour et d’abaissement, Saint Paul remarque : « Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile. Peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien ». Puis il s’écrie : « Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs ! » (Rm. 5, 7-8). En d’autres termes, le Seigneur n’a pas attendu que nous soyons bons ou aimables pour donner sa vie pour nous. Il a souffert et il est mort pour nous rejoindre aussi bas que nous soyons afin de nous donner sa vie, une vie qui ne finit pas et sur laquelle la mort n’a plus aucun pouvoir. Il a partagé, Lui, le Fils éternel du Père, la condition de tout être humain. Il a visité chacune de nos souffrances, chacune de nos détresses, chacune de nos blessures, chacun de nos refus, pour y jeter son cri qui nous sauve : « Père, pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce qu’ils font ! » et encore « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Au moment d’expirer comme nous, Il jette un cri de confiance vers le Père. Puis Il entre dans la nuit de la mort d’où personne n’est jamais revenu.

Tout ceci serait une histoire touchante si nous en restions là, autrement dit si ce cri n’avait pas été entendu. Le Christ serait resté prisonnier du tombeau et nous avec. Et la mort, malgré l’amour déployé, eût été une nouvelle fois victorieuse. Mais le Père a reçu le cri de son Fils. En réponse, Il s’est Lui aussi donné tout entier, rendant la vie à son Fils et, en même temps, à chacun d’entre nous. Voilà la Bonne Nouvelle de la Résurrection ! Le Père n’est pas un « petit vieux », assis sur son nuage et regardant le Fils faire « le sale boulot » ! Il est Celui dont le Fils a tout reçu et tout appris. Ce que le Fils a fait en s’offrant sur la croix, le Père le fait en le ressuscitant dans le tombeau. C’est de cela dont les Apôtres ont voulu être témoins jusqu’au bout, sans jamais se dédire. Avec le Fils, ils se savaient aimés jusqu’à l’extrême par ce Père qui ne garde rien pour Lui mais, comme son Fils, s’offre tout entier pour que nous ayons la vie. En suivant le Christ pas à pas, regardons avec Lui vers le Père. Apprenons du Ressuscité que notre cri a été entendu : nous sommes devenus avec Lui les fils et les filles d’un Père qui ira jusqu’au bout pour nous !