C 'EST L'APOCALYPSE"C'est l'Apocalypse !" – Cette simple phrase, à elle seule, est capable de donner la chair de poule au plus affermi des téméraires. On imagine toute une série de cataclysmes, et la Bible ne se prive pas de donner nombre de descriptions qui ont de quoi refroidir. Durant ce mois de novembre, fin de l'année liturgique, l'Eglise nous fait ainsi réfléchir aux réalités ultimes de l'humanité et du monde. Toutefois, la Parole de Dieu ne nous invite pas du tout à la peur… au contraire ! Elle nous met plutôt dans la perspective d'une victoire, et c'est cette victoire qui doit nous guider, et même nous attirer: "nous attendons ta venue dans la gloire". La fête du Christ-Roi, qui conclut ainsi l'année liturgique, nous met bien dans cette perspective: le règne de Dieu, définitif. Plusieurs images illustrent cette perspective:
L'image d'un Agneau, vainqueur. C'est la victoire de la douceur, sur toutes les forces de violence qui agitent notre monde, la victoire des petits gestes faits dans la discrétion, la victoire de l'humilité, du service, la victoire de simples verres d'eau donnés "au plus petit d'entre les miens", malade, pauvre, affamé, etc…
L'image de noces. C'est la perspective d'une communion. Nous commençons à la préparer dans chaque eucharistie: "Fais-nous passer de cette table, où tu nous reçois en pèlerins au banquet préparé dans ta maison" dit la prière conclusive de la fête de la Toussaint. Notre perspective est d'avoir part un jour à la table de Dieu, où le Seigneur "nous prépare une place". "Ne savez-vous pas que c'est chez mon Père que je dois être" dit à un moment le Christ à ses parents, provoquant leur étonnement, mais manifestant pourtant ce qui est, pour chacun, la perspective ultime.
L'image d'un éclair. "Comme l'éclair qui jaillit illumine l'horizon d'un bout à l'autre, ainsi le Fils de l'homme quand son jour sera là". Ce caractère instantané doit nous prémunir contre toutes les fausses tentatives de déchiffrer dans un événement, une situation, les prémisses de cette fin du monde, puisque le Christ lui-même, dans toute sa connaissance divine, ne sait pas le moment qui est le seul secret du Père. Ne donnons prise à aucune théorie de calcul, de prévision, d'annonce… sachons seulement que cette fin sera subite.
Cette perspective de victoire nous fait "hâter le pas", non par angoisse des événements ni par crainte d'être exclu, mais parce que chaque jour est une grâce qui nous est donnée pour préparer ce règne de douceur, de communion, d'amour, de paix, qui –pour le Seigneur– est déjà là, "au milieu de nous", mais sera seulement un jour plénier et définitif.
P. Yann POINTEL