IL FAUT DES CENDRES
Nous venons à peine de sortir des belles fêtes de Noël, avec leur lot de réjouissance et de partage. Nous venons de vivre un beau sommet de foi, depuis l'installation jusqu'à l'adieu à la crèche, suivi immédiatement par l'octave de la Chandeleur… mais déjà, il faut descendre !Juste après son baptême, Jésus vient de vivre un moment fort où s'est manifesté le Père, l'Esprit Saint, mais il part 40 jours dans le désert pour être tenté. Juste après la Transfiguration sur le mont Thabor, Jésus vient de vivre un moment de gloire en présence de Moïse et d'Elie, mais il faut redescendre de la montagne et affronter la réalité du quotidien. Le carême est un moment humble, c'est un moment d'abaissement. Nous sortons un peu de notre superbe pour faire quelques sacrifices, pour quelques actions plus simples, par amour pour Dieu et au service des autres. "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière" dit la liturgie des Cendres. Pendant le carême, on accepte de se priver de quelque chose, et cette privation manifeste cette descente, cette humilité. Quel effort ? Quelle action mettre en place pendant ce temps où nous voulons revenir au cœur de la vie chrétienne: l'amour de Dieu, l'amour des autres ? Quel point particulier est à travailler pour corriger un mauvais comportement, une mauvaise tendance ? Quel sacrifice ai-je envie de faire pour porter une intention difficile du monde –l'actualité nous donne plein d'exemples de violence, de mensonge, de meurtre même !– Quel sacrifice pour la paix, pour la conversion du cœur des méchants, pour la foi des enfants, des petits enfants, etc… ?
Cette année, nous vivrons le carême d'une façon un peu particulière, puisque les vacances pour fêter Pâques (sic!) tombent en plein milieu du carême ! Mais peut-être qu'un effort est à chercher davantage du côté de la famille: passer quelques jours de halte spirituelle en famille dans un lieu saint ? proposer de faire une action bénévole en couple ? en famille ? trouver un moyen pour se rapprocher d'un membre de la famille plus distant (prier pour lui? écrire ? inviter?) tout simplement passer un peu de temps ensemble dans une vie très agitée, très pressurisée ? se poser pour une prière en famille… Je sais bien que nos situations sont diverses, mais la réalité familiale est pour la grande majorité la 1ère école d'apprentissage de la sainteté.
Comme chaque fois, ne passons pas à côté d'un tel temps de grâce. 40 jours sont vite passés (c'est le temps qui nous sépare déjà de Noël !) Entrons vraiment dans cette démarche du carême, démarche de conversion, démarche d'humilité, mais pour accueillir davantage la vie de Jésus "qui renaît de nos cendres".
P. Yann POINTEL