MONTRER LA LUMIERE
Dans une chronique récente, le Père Patrick LANGUE, un jésuite de Paris, écrivait ceci: "Depuis environ soixante ans, la présence du christianisme en général et du catholicisme en particulier n’a cessé de se réduire comme peau de chagrin. Les symptômes sont clairs: passage de 90% des petits enfants baptisés à moins de 30% en 60 ans; moins d’un français sur sept se marie religieusement; les enterrements religieux qui avaient relativement bien résisté s’effondrent. Pendant longtemps, le catholicisme a été la religion de la majorité des Français. De ce fait, on pouvait ne pas être pratiquant et se dire sincèrement catholique: on participait à une culture et même à la Foi que l’atmosphère ambiante distillait. Il n’en est plus ainsi. Dans le respect des convictions, du cheminement de chacun, il me semble que la situation actuelle peut conduire à des prises de conscience nouvelles. Le christianisme sociologique est en voie de disparition accélérée. La transmission de la Foi ne peut plus passer par les canaux d’antan. A exception près, l’école catholique sur laquelle comptaient hier beaucoup de parents est devenue un lieu pluraliste où la transmission de la foi est souvent limitée par le nécessaire «respect des différences»".
Nous allons fêter Noël, et si on se rappelle bien, Jésus nait dans une indifférence quasi générale. Il a fallu les anges pour annoncer aux bergers qu'un événement exceptionnel était en train de se produire à quelques centaines de mètres d'eux, et après les bergers, la tradition provençale veut croire que tous les habitants du village ont été réjouis par l'heureuse nouvelle. Plus tard, il faudra Jean-Baptiste pour révéler au milieu des hommes la présence de quelqu'un qu'ils ne connaissent pas encore. "Je vous annonce une grande joie" disent les anges; "Voici l'Agneau de Dieu" dira Jean-Baptiste.
Dans une immense foule pour qui Noël est une fête de famille, drapée de boules et de guirlandes, une immense foule qui trouve toutes les opinions sur internet et qui, parfois, ne se rend même pas compte que, pour Dieu, il y a des actes qui sont extrêmement graves, une immense foule qui a perdu le sens de la valeur des actes, et du coup du besoin d'être sauvés, une immense foule qui ne se nourrit pas des paroles de Dieu qui, pourtant, sont essentielles pour la vie éternelle, une immense foule qui vit au rythme des plaisirs, de la pression professionnelle, des nouveautés technologiques, mais qui ne regarde pas vers le Ciel… dans cette immense foule, qui sont les "bergers" ? qui sont les "Jean-Baptiste" de notre temps qui, touchés par la lumière de Dieu, vont avoir le désir de la montrer aux autres ? Comme il y a 2000 ans, Jésus va naître au milieu de la nuit… mais quelle joie pour tous ceux qui découvriront la lumière qu'il apporte !
P. Yann POINTEL