UN BIENHEUREUX ET SON TEMPS
"Dans leur vie tu nous procures un modèle, dans la communion avec eux une famille, et dans leur intercession un appui" dit une préface de la liturgie de la messe pour les saints et les saintes. Le 30 septembre prochain, nous aurons la joie de vivre un moment important pour notre église de Marseille: la reconnaissance par l'Eglise Universelle qu'un de ses membres, un prêtre du XIXème siècle –l'abbé Fouque– soit reconnu bienheureux. Une telle reconnaissance est toujours un moment de lumière: lumière qui témoigne de la présence de Dieu malgré les obstacles, malgré les difficultés, malgré les oppositions, lumière qui nous encourage à ne pas regarder cette vie seulement, mais la vie d'après. A quoi sert à un saint ou à un bienheureux d'être déclaré ainsi toujours après sa mort, si ce n'est parce que ce saint ou ce bienheureux nous montre le Ciel ?
A l'époque de l'abbé Fouque, beaucoup de changements ont eu lieu dans la société civile –une conférence nous permettra d'approfondir ce riche contexte–, et il a été attentif pour reconnaître les appels de Dieu auprès des jeunes-filles puis des garçons sans familles, des personnes âgées puis des malades. Il a fondé beaucoup d'Œuvres: la maison d'accueil "La Sainte Famille", "l'Œuvre de protection de la jeune fille", "L'enfance délaissée" –transformée plus tard en "Maison des Saints Anges Gardiens", "L'Œuvre de la Salette-Montval", "L'Œuvre de l'enfance coupable", "l'hôpital Saint Joseph", etc… Dans ces fondations, il a su reconnaître les signes de la Providence qui lui est venue en aide et lui a montré le chemin.
Notre époque est bien différente, et nous n'avons plus à faire face à un afflux massif de personnes venant des campagnes, laissées à elles-mêmes. Notre époque –nous le savons– est davantage marquée par une crise de la famille, une crise identitaire, une crise des sacrements, une crise de la dimension verticale du rapport à Dieu et non pas de l'intérêt économique effréné, une crise de la moralité. Dieu répond aux crises par la sainteté. Il est possible qu'il cherche les saints de notre époque dans les familles qui vivent malgré les épreuves et les pauvretés de chacun la fidélité d'un amour donné; il est possible qu'il cherche les saints parmi ceux qui développent des amitiés profondes avec des personnes de même sexe, sans que cette amitié ou cette affinité ne se transforme en perversion; il est possible qu'il cherche les saints parmi ceux qui rayonnent d'une identité masculine ou féminine pleinement intégrée; il est possible que Dieu cherche les saints parmi les âmes de prière; il est possible qu'il cherche les saints parmi ceux qui ont une conduite pure, aidée, soutenue et restaurée si nécessaire par la grâce des sacrements. Que l'exemple du bienheureux abbé Fouque nous stimule pour répondre aux appels de Dieu à la sainteté en notre temps.
P. Yann POINTEL