LA PETITE PORTE
Pendant que le débat national porte de grands enjeux pour la présidence de notre pays l'an prochain, pendant que de nouvelles lois sont encore votées à la consternation de toute forme de moralité (délit d'entrave numérique à l'IVG !)… nous reprenons humblement le chemin de Noël, nous pliant volontiers aux traditions liturgiques, familiales de ce temps de l'Avent: la crèche, les décorations, et de multiples préparatifs pour apporter un peu de joie, un peu de bonheur, un peu d'amour.
Nous nous souvenons que notre roi –le Christ– n'a pas choisi un chemin de grandeur, de pouvoir et de tapage, mais un chemin d'humilité et de simplicité. Au lieu de passer par la grande porte, il a choisi la petite. Au lieu de naître dans les palais des rois et des princes, il est venu frapper chez les gens, et comme personne ne l'a accueilli, il a fait d'une étable son gîte, avant que des bergers, et ensuite une multitude d'autres, ne viennent à sa rencontre. Il voulait non pas s'imposer par la puissance, par l'autorité, par le faste, mais rejoindre chacun par les chemins du cœur.
Toute la tradition provençale a magnifiquement compris, à travers les pastorales, ce chemin de bonté qui est capable de renaître même dans le cœur de celui qui vit tout l'inverse: le paresseux meunier qui tout d'un coup retrouve l'envie de travailler, le voleur à qui prend le désir de rendre ce qu'il a volé, et même le gendarme qui se découvre capable d'indulgence… ce ne sont que des stéréotypes, mais le cœur est bien là: dans cette nuit de Noël, on désire que le vrai visage de chacun apparaisse dans sa clarté et dans sa beauté: au-delà des écarts, manifester ce qui est bon en nous.
Un président tire sa révérence… l'actualité va se focaliser sur lui, sur sa succession, mais dans le même temps passent à l'assemblée des monstruosités. Jamais personne n'était allé aussi loin dans la légalisation du mal ! Les évêques de France et leur président s'alarment de ces transgressions inacceptables (voir leur lettre sur le site de la Conférence des évêques de France). Mais on a l'impression que tout l'enjeu est d'arriver à franchir les limites, et après, plus personne n'ose faire marche arrière. Y en aura-t-il un qui aura le courage de revenir sur toutes ces horreurs ? En tout cas, ces enjeux dépassent nos faibles forces personnelles, mais il nous reste à nous aussi la petite porte: à notre mesure, faire le bien; à notre mesure être témoins; à notre mesure chercher comment apporter un peu d'amour, de joie et de paix… mais ce qui fait notre joie, c'est que le Sauveur du monde est passé par cette petite porte, et qu'avec un petit caillou, on peut fissurer les plus grands colosses (cf Dn 2,34). Qu'en allant vers Noël, avec Lui, ce soit bien dans ce sens de la fraternité, de la bonté, de l'amour que nous marchons… humblement !
P. Yann POINTEL