LE PRINCE DE LA PAIX
"On proclame son nom: «Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-àjamais,
Prince-de-la-Paix»" (Is 9,5).
Le mois de janvier est traditionnellement le temps pour s'échanger des voeux. A
tous et à toutes, je souhaite donc une BONNE et SAINTE année 2015: qu'elle emplisse
nos coeurs de joie et nous fasse avancer, les uns et les autres, par-delà les vicissitudes
rencontrées, un peu plus vers la vie éternelle.
Le début de la messe commence lui aussi par un souhait lorsque c'est un évêque
qui la préside: "La paix soit avec vous". Ce souhait est celui de Jésus ressuscité lorsqu'il
apparaît à ses disciples au matin de Pâques (Jn 20,19.21.26+Lc 24,36). Les disciples ont
toutes les raisons pour être bouleversés: ils sont dans la crainte de ceux qui leur en
veulent et qui ont réussi à faire mettre à mort le Christ. Par ailleurs, ils savent bien aussi
la défaillance de leur propre attitude: là où ils auraient dû rester fidèles et courageux, ils
ont fait preuve d'une lâcheté complice. Au milieu d'eux est apparu un traître. Le tissu
fraternel s'est fragilisé: celui qui partage mon pain et mes convictions peut-il retourner sa
veste et se transformer en ennemi ? Mais Jésus leur redit: "La paix soit avec vous"; la
paix parce que tout mal a désormais son vainqueur; la paix parce que le coeur malade a été
rejoint par la miséricorde; la paix parce que je peux regarder mon frère comme Jésus le
regarde.
Lorsqu'ils étaient au milieu de la tempête, n'arrivant pas à avancer parce que le
vent leur était contraire (Mc 6,48), lorsque leur barque était remplie d'eau et qu'ils se
voyaient déjà perdus (Mc 4,38+Lc 8,24), les disciples avaient précédemment fait
l'expérience de la paix qui vient du Christ: "Confiance, n'ayez pas peur", "Où est donc
votre foi?" Il les avait invités à ne pas lâcher la barre de l'espérance dans les moments de
tempête, à ne pas se laisser déstabiliser par les événements extérieurs.
Lorsque Pierre s'était effrayé de sa petitesse devant la quantité de poissons qu'il
avait prise en obéissant à la parole de Jésus, il avait aussi fait l'expérience de la paix qui
vient de Lui: "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras" (Lc
5,10). Jésus l'avait invité à remplir sans crainte sa vocation de chrétien au milieu du
monde, dans la fidélité à ce qu'il lui demanderait.
Lorsque nous sommes venus nous prosterner devant l'enfant de la crèche à Noël,
nous avons ré-entendu ces paroles des anges aux bergers: "Gloire à Dieu au plus haut des
cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime" (Lc 2,14). Ce petit enfant est le Prince
de la paix. De lui, de son innocence, de son amour divin pour les hommes, de ses désirs
de salut et de bienveillance pour tous émane une paix qu'aucun dessein malveillant n'a pu
et ne pourra jamais briser. Ce petit enfant nous invite à nous mettre à son école –Isaïe l'a
désigné comme le "Merveilleux-Conseiller"–, école de douceur et d'humilité, école de
respect et d'amour qui commence en tout cas par ce qu'on dit des autres et aux autres.
"Qui sème le vent récolte la tempête". Que ce petit enfant nous apprenne à dénouer les
conflits, à pacifier les querelles plutôt qu'à jeter de l'huile sur le feu. Qu'à son école, nous
devenions de plus en plus artisans de paix ! Bonne année !
P. Yann POINTEL
